« Amandil, je pense que c'est la meilleure chose à fait. Puis, tu sais, tu serais un peu un héros quand on y pense. Tu ne crois pas ? Tu sauverais la famille. » Je ferme les yeux, assis les jambes contre le torse sur mon lit, j'écoute Valandil. Depuis quelques minutes déjà, il me parle, tente de me faire avaler ses paroles, pour tout dire : je ne comprends pas pourquoi moi ? Je fronce alors mon nez, puis ouvre mes yeux et le regarde d'un air insistant et curieux. Je pince ma lèvre inférieure puis murmure calmement. « Héros de la famille ? Alors, pourquoi tu le fais pas toi Valandil dis ? Pourquoi moi ? » Il passe ses mains dans ses cheveux, se redresse et glisse ses mains sur le rebord de la fenêtre. Dehors, le temps est étrange. Comme mon frère en ce jour. Mon coeur claque contre ma poitrine, étrangement j'ai peur de sa réponse. Je ne veux pas le décevoir. Pas lui. C'est vrai, c'est lui l'homme de la famille depuis que papa n'est plus là. C'est lui qui dirige la maison. Enfin, le mot " maison " est un bien grand mot. On pourrait dire des ruines. Nous avons tout juste assez pour pouvoir vivre, la nourriture n'est pas vraiment présente à tout les repas, mais nous essayons de faire avec. C'est le travail de Valandil qui nous permet de pouvoir rester debout, moi et maman. Au fond, je crois que je lui dois à peu près tout depuis quelques mois. Je sors de mon lit, me glisse à côté de lui et le fixe sans relâche pendant quelques minutes. « Je ne peux pas quitter ce que je fais et tu le sais très bien. Certes, ce que je te propose rapporte bien plus que ce que je donne, mais je suis bien trop grand. Toi tu es plus petit, tu passerais inaperçu un peu partout. Mais, soit après tout, je ne peux malheureusement pas te forcer. Par contre, ne viens surtout pas te plaindre à moi que nous n'avons pas assez de nourriture ou je ne sais quoi, d'ailleurs. » Un regard haineux, le genre de regard qui me donne des frissons dans le dos. Mon pauvre coeur claque contre ma poitrine, bizarrement, c'est douloureux pour une fois. Je triture nerveusement les doigts, je ne comprends pas ses mots. Je n'ai jamais osé me plaindre, mais d'un autre côté, il a raison. Un peu plus ne nous ferais certainement pas de mal. « Tu me déçois. » Et rien de plus. Valandil avance dans la pièce, jusqu'à passer sa main sur la porte. J'ai envie de hurler, c'est tout ce que je ne voulais pas entendre. Je ne veux pas, je ne veux pas. Mes poings se serrent, je cours vers lui et l'enlace sans vergogne pour l'empêcher de partir. « Je le ferais. Mais, tu dois m'appendre, moi je n'y connais rien, je ne sais pas. Je ne veux pas te décevoir, tu sais ? » Ma voix tremble, je serre de plus en plus, les yeux clos. J'attends, encore et encore. Boum boum, boum boum. Je sens une main se poser sur mes cheveux, un sourire s'affiche sur mes lèvres, je lève les yeux vers lui. Il a l'air satisfait, ou du moins il n'y a plus cette haine que je voyais dans son regard avant. « Très bien je t'apprendrais. Tu fais le bon choix. » Je l'espère seulement. Voler, c'est un mot qui sonne vilainement en bouche, mais, mon frère n'a cessé de me répéter que les personnes de la haute, ne méritaient pas tout ça, qu'ils étaient égoïstes, sans coeur et j'en passe. Après tout, si je met tout en forme : le vol n'est pas une mauvaise chose. Je crois.