« Une placette coincée entre un bâtiment bedonnant et une tour basse, d'où partaient deux artères commerçantes et un faisceau de ruelles. [...] La placette, encombrée de petits étals sur roulettes, de vendeurs à la sauvette et de rabatteurs pour les boutiques avoisinantes, grouillait de Cendres affairés et d'enfants courant dans tous les sens. L'ensemble dégageait un brouhaha assourdissant et un étonnant mélange d'odeurs d'où émergeaient en notes fortes celles des épices, du cuir et de la transpiration. »

Immenses, larges, taillées dans le bois brun de l'arbre le plus majestueux que le territoire ait habité, les portes de la cité n'ont pas changé d'apparence depuis qu'elles ont été mises en place des centaines d'années auparavant. Toujours ouvertes mais étroitement surveillées jour et nuit par cinq gardes, il ne faut pas faire le moindre geste étrange si l'on désire les passer. Pour autant, les gardes ne fouillent pas ceux qui désirent entrer à AnkNor, et la ville est donc toujours ouverte.

Les remparts qui enserrent la ville s'étendent sur des kilomètres, englobant la ville Perle et la ville Cendre, ainsi que le quartier des Quartz récemment implanté entre les deux. Ces murs de pierre grises virant au brun sont hauts de plusieurs mètres, et il serait impossible de penser les franchir sans aide. Ils protègent la cité contre des attaques éventuelles, et des avant-postes sont installés à plusieurs endroits, permettant à des gardes de vérifier que l'horizon est dégagé de tout ennemi. Mais la sécurité est moins présente qu'avant, puisqu'il le danger se trouve à présent à l'intérieur même.

La caserne des miliciens est un grand bâtiment construit tel un fort, quasi-imprenable. A l'intérieur s'y côtoient des Cendres, qui forment l'essentiel de la milice, mais aussi des Perles qui assurent des postes de commandement. Que ce soit pour assurer des rondes dans la ville Cendre, mener une enquête ou pour partir défendre une frontière menacée, il y a toujours de nombreuses allées et venues en ce lieu.

Les maisons de la ville Cendre sont basses, froides, biscornues et mal entretenues. Hormis celles des artisans les plus riches, beaucoup sont des lieux où il ne fait pas bon passer ses journées. Plus elles s'éloignent du centre et des artères commerçantes où se déroule le marché, plus les habitations perdent de leur modeste éclat amené par de récents travaux, et deviennent des abris précaires où la vie y est plus que dure.

« Le sol n'était plus pavé mais de terre battue, une rigole chargée d'eau boueuse y serpentait mollement tandis que les façades vétustes des maisons y avaient abandonné des lambeaux de torchis et des fragments de briques sombres. » Bien que des travaux d'assainissement aient aidé la ville Cendre à recouvrer une image plus saine, les petites ruelles éloignées des artères commerçantes sont toujours dans un état déplorable, où la crasse se le dispute à la pauvreté.

On y accède grâce à des escaliers sombres et, il faut l'avouer, glauques. Personne ne vient jamais trainer par ici, c'est peut être pour cela que les pacificateurs y ont élu domicile ? Mais chut, c'est un secret ! En effet, derrière les murs noirs et les pierres peu avenantes se cachent des bâtiments tout aussi bien entretenus que le reste de la ville, sinon mieux. C'est là que siège le Conseil des Pacificateurs, que l'on fait passer les test etc.